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Assemblée Nationale Session ordinaire de 1999-2000 -
7ème jour de séance, 16ème séance
2ÈME SÉANCE DU JEUDI 14 OCTOBRE 1999
PRÉSIDENCE DE M. Patrick OLLIER Vice-président
Sommaire
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RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL (SUITE)
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ART. 5
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La séance est ouverte à quinze heures.
ART. 5
Mme Marie-Thérèse Boisseau Cet article aborde le délicat problème des cadres. Travaillent-ils trop ? Oui et non. Certains dentre eux dépassent allègrement les trente-neuf heures par semaine et ne prennent pas la totalité de leurs congés annuels. Ils sont nombreux à aspirer à une réduction de leur temps de travail et nous comprenons ce souhait car, comme le disait Taine, il faut des loisirs pour faire un homme et un femmes complets. Cela dit, limiter leur temps de travail par voie législative relève dune intention louable mais sera difficile. La première difficulté tient à la définition des cadres. Ils sont moins dun million à cotiser à lAGIRC mais lINSEE en recense 3,5 millions. Cest que la notion de cadre recouvre des réalités très diverses. Ainsi, selon le directeur des ressources humaines dune grosse entreprise dinformatique, celle-ci emploie officiellement 50 cadres mais les salariés qui travaillent comme des cadres y sont trois fois plus nombreux. Distinguer trois catégories de cadres -les cadres dirigeants hors horaire, les cadres postés et les autres- comme le fait le projet relève de la mission impossible. Pourquoi ne pas avoir conservé la définition retenue par laccord interprofessionnel du 24 avril 1983 ? Autre difficulté : comment qualifier le travail des cadres ? Il faut en finir avec une vision chapelinesque du travail, qui nest plus ni homogène, ni substitutif, ni anonyme. Désormais, les cadres travaillent partout et à toute heure : dans le train, chez eux, au téléphone y compris avec des partenaires qui ne sont pas dans le même fuseau horaire. Selon lexcellente formule de Jacques Attali, on passe dune économie de compétition à une économie de coopération, dans laquelle chacun se trouve mieux si les autres réussissent. Dans ces conditions, un contingentement trop étroit du temps de travail, en jours ou en heures, provoquera un déplacement du travail du bureau vers le domicile, ou, pire, une délocalisation des activités à létranger. Mieux vaut donc privilégier une approche qualitative, lutter contre les réunions interminables, limiter les rapports inutiles, la hiérarchie inefficace, les corvées administratives. Il faut faire en sorte que chaque cadre puisse prendre pleinement ses responsabilités. En revanche, la solution législative nous semble inadaptée. Le forfait journalier inquiète les cadres, qui redoutent un allongement de leur journée de travail, le seul garde-fou résidant dans les onze heures de repos consécutif. Quant au forfait horaire, il est utopique, la plupart des cadres assurant plus de 45 heures hebdomadaires. Et quen sera-t-il pour les cadres de plus en plus nombreux qui passent un millier dheures par an sur les routes ou pour les cadres diesel, qui ont besoin de temps pour séchauffer et être opérationnels ? Bref, tous ces problèmes, qui sont réels, ne seront pas résolus par la loi mais grâce à la négociation de branche, dentreprise ou détablissement, sans exclure le dialogue direct entre le salarié et son patron. En dautres termes, il faut se méfier des lois macédoniennes qui, en voulant tout définir, posent plus de problèmes quelles nen résolvent. Déjà 70 % des dispositions du code du travail ne sont pas appliquées. Nen rajoutons pas !
M. Hervé Morin - Reconnaissons-le, cet article 5 représente à lui seul une véritable révolution. Vous avez fait naître, cest vrai, une nouvelle aspiration à moins de travail chez les cadres, surtout chez les plus jeunes, qui souhaitent un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale et personnelle. Cette attitude est due à deux raisons : dune part, les cadres ont perdu, dans les années 80, leur statut privilégié et subi eux aussi, les charrettes de licenciements. Dautre part, le niveau des prélèvements obligatoires est tellement élevé quil nencourage pas à travailler davantage. Avec votre loi, la catégorie des cadres perd son unité puisquelle distingue les cadres forfaitisés, ceux qui sont intégrés au site de travail et les cadres dirigeants. Cela va créer une nouvelle fracture au sein de lentreprise. La distinction sera dailleurs difficile à appliquer : la loi renvoie sur ce point aux accords de branche, mais dans chaque branche il y a une grande diversité de métiers. Enfin, je voudrais insister sur le saut considérable que va représenter pour lentreprise la réduction du temps de travail des cadres. Ceux-ci ne travaillaient pas 39 heures, mais plutôt 42 ou 45, et les faire passer à 35 heures va entraîner des difficultés importantes, surtout dans les secteurs où les cadres constituent la majorité du personnel : dans les nouvelles technologies, les cadres représentent 70 % de la masse salariale ! Jaimerais avoir les réponses à deux questions précises. Pour les cadres forfaitisés, que va-t-il se passer au-delà des 217 jours ? Comment seront payés les jours supplémentaires ? Deuxième question, le décompte seffectuera-t-il en jours ou en heures ?
Mme Roselyne Bachelot-Narquin - Cet article 5 est loccasion dun débat utile et cest sans doute lun des éléments les plus positifs de ce projet que de nous amener à examiner le travail des cadres. Nous avons en France une culture du cadre taillable et corvéable à merci sur laquelle il faut sans doute revenir. Un technicien de maintenance mexpliquait ainsi récemment quen devenant cadre il avait vu son salaire augmenté de 1 000 F, mais que ses heures supplémentaires nétaient plus payées, ce qui est contraire au droit du travail. Comme le disait Mme Boisseau, il faudrait dabord faire respecter la réglementation actuelle Si ce débat est utile, les solutions proposées ne sont pas satisfaisantes. La notion de cadres dirigeants est très floue. Notre rapporteur a tenté de la préciser en définissant les cadres dirigeants par la capacité de prendre des décisions de façon autonome et par leur haut niveau de rémunération. Mais cela traduit une vision passéiste du travail, car dans les entreprises gérées de façon moderne, il y a des groupes douvriers qui prennent des décisions autonomes. Quant aux rémunérations, elles ne sont absolument pas liées à limportance des responsabilités : on voit, dans les petites entreprises, des cadres dirigeants qui ne touchent que deux ou trois fois le SMIC, alors quinversement certains salariés reçoivent des salaires très élevés sans être dirigeants pour autant -je pense à certains chercheurs, commerciaux, stylistes etc Seconde objection, une fois de plus, vous ne respectez pas les accords déjà signés. Vous réservez ainsi le forfait sans référence horaire aux cadres dirigeants, alors que dans plusieurs accords que vous avez par ailleurs déclaré excellents, Madame la ministre, il est appliqué à lensemble de lencadrement. Quant au décompte du travail en jours, il est également appliqué à tous les cadres dans laccord signé dans la chimie par exemple, alors que votre loi le réserve aux cadres dirigeants et aux salariés itinérants. Une fois de plus, on se moque du dialogue social
M. François Goulard Sil y a des débats utiles, il me semble que les lois ne sont pas faites pour ouvrir des débats, mais pour apporter des solutions. Votre article sur les cadres est lillustration parfaite, Madame la ministre, de linadaptation de votre texte à la réalité. Dune part, il y aura des problèmes de frontières évidents entre les trois catégories que vous créez. Dautre part, le fameux malaise des cadres touche principalement les membres de lencadrement dont le statut réel et les aspirations se rapprochent de ceux des salariés -et qui dailleurs, dans dautres pays, ne seraient pas qualifiés de cadres. Sans doute ceux-là souhaitent-ils une meilleure maîtrise de leur temps de travail. Mais en ce qui concerne les cadres supérieurs -je ne parle pas de linfime majorité des cadres dirigeants- il est faux de prétendre quils veulent moins travailler. Sils connaissent un malaise, il est dû à une fiscalité confiscatoire, qui conduit dailleurs une proportion non négligeable dentre eux à sexpatrier. La légende du cadre français qui serait un malade de travail ne correspond pas à la réalité. Dans la multinationale où jai travaillé, je nai pas constaté de différence de comportement selon les nationalités. Vous voulez imposer une réduction du temps de travail à des catégories qui nen veulent pas et qui ne la pratiquent pas, sauf à mettre un inspecteur du travail derrière chaque cadre français ! Les dispositions que vous proposez de faire voter auront pour conséquences de ternir limage de notre pays en donnant à penser que lon y empêche les cadres de travailler autant quils le voudraient et, beaucoup plus grave encore, elles pousseront les plus entreprenants dentre nos cadres à sinstaller à létranger.
M. Bernard Accoyer Quel gâchis ! (Protestations sur les bancs du groupe socialiste)
M. Georges Sarre Le nouveau dispositif va donc enfin consacrer une réalité. On sait depuis longtemps quun même vocable désigne des situations hétérogènes, ce que le projet reconnaît à juste titre. Nous convenons que lemploi du temps particulier des cadres impose des aménagements spécifiques, mais ces catégories de salariés doivent, eux aussi, bénéficier de la réduction du temps de travail. Ils attendent dailleurs du législateur quil apporte certaines limites à leur subordination temporelle. A cet égard, les distinctions quintroduit larticle 5 nous semblent relativement satisfaisantes -en théorie tout au moins. Il reste à évaluer ce quil adviendra dans les faits, puisquil revient aux partenaires sociaux de préciser les conventions collectives. Le législateur se devait, en tout cas, dempêcher que des chefs dentreprise de mauvaise foi ne décident détendre abusivement deux catégories de cadres sur les trois que distingue le texte. Japprécie tout particulièrement lajout de la référence à la rémunération. Il importe en effet que la catégorie des cadres dirigeants demeure un cercle restreint, et quelle nenglobe en aucun cas les chefs de service. Il faut aussi éviter que la législation imposant des forfaits nait pour effet de rendre les cadres encore plus corvéables quils ne le sont actuellement. Plus généralement, les cadres ne doivent pas être les grands laissés pour compte de la nouvelle loi.
M. Yves Cochet Très bien !
M. Philippe Martin La notion de cadre dirigeant est dun tel flou quelle suscite de multiples ambiguïtés. Ainsi, les cadres 3B et 3C appartiennent-ils à cette catégorie ? Et, dans les PME, nombreux sont les cadres dont lautonomie et les responsabilités équivalent à celles des cadres dirigeants dun grand groupe. Si le texte est adopté en létat, on voit bien que les clauses contenues dans les accords de branche et dans les accords dentreprise seront considérablement limitées dans leur application. Les règles prévues pour le calcul de la rémunération horaire sont, elles aussi, lourdes dambiguïté, car on ne précise pas si dautres règles que celles de la négociation peuvent sappliquer. Mais, puisquil sagit de clauses dordre public, on peut le supposer, ce qui enlève tout intérêt aux conventions de forfait ! La complexité et la diversité des cas sont telles que de nombreux contentieux sont prévisibles, en particulier pour ce qui touche à la définition des salariés itinérants.
M. Daniel Paul La question du temps de travail des cadres est lune des plus importantes du projet, car elle concerne directement 3 millions de personnes, et si lon inclut, comme cela sest fait dans de nombreux accords, les techniciens et les agents de maîtrise, ce sont 40 % des salariés qui sont considérés comme cadres. Ils veulent, eux aussi et à juste titre, voir baisser leur temps de travail. Une mise au point simpose, à propos de leur salaire : non seulement 20 % dentre eux touchent un salaire inférieur au plafond de la Sécurité sociale, mais encore un tiers environ, qui travaillent de 50 à 60 heures par semaine, perçoivent une rémunération plus proche du SMIC horaire que de tout autre chose. La définition donnée dans le projet est beaucoup trop floue. Cest pourquoi nous proposons de définir comme cadres dirigeants ceux dont le salaire atteint au moins huit fois le SMIC mensuel. Cela nempêche pas doctroyer des jours de repos supplémentaires aux autres cadres, à condition quun décompte horaire soit maintenu. Si ne restait en effet en vigueur que le repos de 11 heures consécutives par jour, les cadres pourraient se voir contraints de travailler 13 heures par jour, 78 heures par semaine et 2 821 heures par an. Une telle perspective qui nest, hélas, pas quune vue de lesprit, est bien entendu inacceptable et unanimement considérée comme telle par les intéressés et leurs organisations. Il est donc nécessaire de maintenir un décompte horaire en cas de convention de forfait en jours. Les cadres seront amenés à mettre en uvre la réduction du temps de travail ; les exclure du bénéfice de la loi nest certainement pas un gage de réussite, dautant que les abus sont innombrables. Quelques procès ont ainsi dévoilé que cette catégorie de salariés est contrainte à des millions dheures de travail clandestin et démontré les pressions exercées par certains employeurs pour faire exécuter ce travail gratuit. Jévoquerai à cet égard une note interne diffusée à titre confidentiel dans lune de nos grandes entreprises, qui fait état de dépassements réguliers, évaluant le coût potentiel du paiement des heures supplémentaires à 150 millions de francs par an lesquels ne feraient que simputer sur des bénéfices faramineux ! La conclusion de cette note est quil vaut mieux être condamné à moyen terme que de payer à court terme On voit que garantir lapplication de la réduction du temps de travail aux cadres libérerait des millions dheures et quantité demplois. Ce serait aussi une mesure de justice sociale, à condition de maintenir un décompte horaire. Le décompte en jours, présenté comme une idée moderne, est non seulement contraire aux dispositions de la directive communautaire, mais elle masque le retour aux pratiques du XIXème siècle, quand la journée de travail navait pas de limites horaires.
M. Gérard Terrier Les cadres, dans leur grande majorité, aspirent légitimement à la réduction de leur temps de travail, dautant quils sont le plus souvent exposés aux dépassements illégaux des horaires. Ce projet clarifie leur statut, ce qui en fait un véritable outil de progrès social. Cest la première fois que les cadres sont pris en compte dans un projet de loi et la commission a enrichi le texte par différents amendements, dont les plus importants consistent à définir de manière plus restrictive la notion de cadre dirigeant -cette définition reprend la jurisprudence en cours, plus protectrice que la définition du droit communautaire non encore transposé-, à encadrer le forfait par la négociation pour empêcher la signature dune convention de forfait de gré à gré, et permettre aux partenaires sociaux de veiller au respect de la réduction du temps de travail pour les cadres. Enfin, un amendement précisera que le plafond de 217 jours de travail nest pas dépassable. Je souhaite poser plusieurs questions dinterprétation à Madame la ministre. Jai reçu dernièrement avec mon collègue M. Rome une délégation de cadres de la CFDT, de la CFE-CGC et de la CFTC. Admettons que cet événement est historique ! Tous sont daccord pour le décompte en jours de la durée du travail, sachant quils travaillent en moyenne 235 jours par an. Mais tous craignent aussi que labsence de référence horaire minimale ne débouche sur une intensification du travail. La seule obligation de lemployeur est en effet de respecter le repos quotidien de 11 heures, ce qui permet des journées de 13 heures, soit plus de 2 800 heures par an. Laccord dune organisation syndicale pour signer une convention de forfait étant impératif, il est improbable quun syndicat sengage dans cette voie. Cependant, il me semble quune partie non écrite dans la loi mais présente dans le code du travail limite la durée annuelle à 1 730 heures. Pouvez-vous confirmer lexistence dun droit permettant aux cadres de refuser des horaires abusifs. Sinon, il semble nécessaire de limiter la durée annuelle de façon formelle, en déposant en deuxième lecture un amendement de précision. Dautre part, nest-il pas envisageable de faire bénéficier les cadres dont la durée annuelle ne dépasse pas 1 600 heures de laide structurelle et des abattements de charges ? Nous ne pouvons priver du bénéfice de la réduction du temps de travail une catégorie qui est aujourdhui surexploitée par les entreprises, dont les yeux de Chimène sont davantage tournés vers les actionnaires que vers ces personnels indispensables à la bonne marche de lentreprise.
M. Yves Cochet - Il y a quelques mois, au début de notre réflexion, nous avons pensé quil serait peut-être souhaitable de fondre le régime juridique des cadres dans le droit commun. Le Gouvernement a préféré préciser la notion de cadre en proposant trois catégories distinctes. La troisième catégorie concerne ceux dont la durée annuelle de travail est appréciée en nombre de jours, sans limite horaire. Il a cependant été rappelé que les durées maximales journalières -10 heures- et hebdomadaires -44 heures ou 48 heures en semaine isolée- constituaient des mesures dordre public social pour des motifs de santé publique. Ces cadres de troisième type seraient-ils des êtres génétiquement différents bénéficiant dune endurance hors du commun qui leur permet de travailler 13 heures 217 jours par an ? Certaines dispositions de larticle 5 sont choquantes. La distinction entre les cadres de catégories II et III est fallacieuse et ne repose sur aucun critère objectif. Par une sorte de fait du prince, cest lemployeur qui déterminera si un cadre relève ou non dun horaire de travail collectif. Or la prédétermination du temps de travail dun cadre est par nature aléatoire car il est de sa responsabilité de faire face à des impondérables. Il serait donc sans doute préférable de se fonder a posteriori, sur la base dun contrôle effectif, sur le temps de travail réalisé. De nombreux cadres aspirent dailleurs à lintroduction de moyens de contrôle perfectionnés sous la forme de badgeuses ou de pointeuses, tels ceux de la société Thomson Broadcast System. Il est à craindre, eu égard aux avantages pour lemployeur, que la catégorie dexception de type III ne prolifère, au détriment des cadres concernés qui deviendront ainsi corvéables 13 heures sur 24, 217 jours par an. Cette forme de retour au servage met à mal lun des grands principes républicains qui est celui de la subordination limitée. Le bénéfice de la réduction du temps de travail risque également dêtre inférieur de moitié pour cette catégorie de salariés par rapport aux autres. En moyenne, la réduction du temps de travail procure 23 jours de repos supplémentaires sur la base de 230 jours de travail par an, la durée maximale devrait donc être de 207 jours. Or le chiffre retenu pour les cadres est celui de 217 soit 10 jours de plus que le régime ordinaire. En conclusion, ces dispositions sont porteuses dun danger non seulement pour les cadres mais aussi, par propagation, pour lensemble des salariés. Enfin, en réponse à M. Goulard, je citerai une enquête parue récemment dans Liaisons sociales qui rapporte que huit cadres sur dix souhaitent consacrer plus de temps à leurs loisirs quà des objectifs de carrière.
Mme la Ministre - Comme lont souligné MM. Cochet, Terrier et Paul, la situation actuelle des cadres présente une extrême diversité. Globalement, les cadres français travaillent plus que leurs voisins européens, à égalité avec les Anglais avec 45 heures de durée hebdomadaire moyenne, devant les Allemands -42 heures-, les Belges, les Italiens et les Autrichiens -40 heures- et les Néerlandais -36 heures. La réalité, la voilà. Jai moi-même occupé des fonctions de comité exécutif au sein dun groupe multinational, qui me conduisaient à travailler une semaine sur quatre aux États-Unis. A 16 heures 30, lensemble des personnels des sièges sociaux ont quitté leur poste et ils ne sont pas moins efficaces que ceux du siège social de la Défense qui se croient obligés de rester jusquà 21 heures ! Depuis un an, nous avons engagé une petite révolution dans lorganisation du travail des cadres et les esprits progressent. Cependant, les disparités entre les cadres créent une forte insécurité juridique. Le code du travail ne traite pas du problème spécifique du temps de travail des cadres et seule la jurisprudence conduit à leur appliquer la réglementation sur la durée du travail. Sur la base de cette jurisprudence, linspection du travail a contrôlé la durée du travail des cadres dans plusieurs sièges sociaux et a mis en évidence linsécurité juridique qui sattachait à cette question. Nous avons voulu régler le problème. La première loi lavait posé et faisait confiance à la négociation pour apporter les réponses adaptées. Lopposition nous disait alors quil était impensable de diminuer le temps de travail des cadres, que la compétitivité des entreprises en serait affectée au point dentraîner de nombreuses délocalisations. En vérité, la majorité des cadres français, notamment les plus jeunes, considèrent aujourdhui que leur activité professionnelle nest pas toute leur vie. Contrairement aux affirmations de M. Goulard, 54 % dentre eux estiment que le travail leur prend trop de temps, 79 % aspirent à plus de disponibilité pour leur vie privée et familiale et 73 % se prononcent en faveur dune réduction du temps de travail identique à celle dont bénéficieront les autres salariés. Face à cette situation, nous faisons confiance à la négociation collective. La situation des cadres dans notre pays est dune extrême diversité. Il convient donc de sappuyer sur la négociation pour régler un problème certes technique mais qui ne doit pas conduire à laisser à lécart de la réduction du temps de travail plus dun million et demi de salariés. Jobserve que 80 % des accords traitent du problème des cadres en excluant les cadres dirigeants. Je suis donc favorable à un amendement de la commission qui précisera la définition de la notion de cadre dirigeant. Je ne trancherai pas sur le point de savoir si les cadres B ou C de la convention collective de la métallurgie sont ou non des cadres dirigeants. Il appartient aux négociateurs de dire ce quils mettent dans chaque catégorie et je leur fais confiance pour y parvenir. Pour les cadres dirigeants, nous sommes donc daccord : on ne peut pas leur appliquer la réglementation. Il existe une deuxième catégorie de cadres, ceux qui sont intégrés à une équipe de travail et qui donc appliqueront dès le 1er janvier le droit commun, soit environ 58 % des cadres. Reste une catégorie intermédiaire : ceux qui, par leurs responsabilités ou leur mode de fonctionnement, ont une durée du travail différente ou qui ne peut être mesurée. Je pense par exemple aux commerciaux qui travaillent à lextérieur, aux opérateurs sur les marchés financiers qui ont des horaires décalés, aux techniciens et ingénieurs qui doivent remettre durgence un projet Pour tous ceux-là, les choses se déclineront selon les accords mais leur durée de travail se réduira, même si la loi nimpose pas que cette réduction se fasse sous forme de jours de congé annuel. La réduction de leur durée du travail peut être hebdomadaire, mensuelle ou annuelle. Dans les deux premiers cas, il peut y avoir un forfait. Sil est horaire, les maxima -1 600 plus 130 heures supplémentaires- sappliquent. Mais certains cadres choisiront le forfait annuel, soit parce quils refusent de voir contrôler leurs horaire, ce qui est leur droit, soit parce que leur durée du travail est difficilement contrôlable. Dans ce cas, la loi fixe un maximum de jours travaillés dans lannée, en loccurrence 217 jours, ce qui représente tout de même 15 jours de repos supplémentaires. Certains trouveront que ce nest pas assez, mais il faudrait quils évitent de passer dun excès à un autre. Je me rappelle que lan dernier, la confédération générale des cadres sopposait farouchement aux 35 heures, en disant : Jamais les cadres ne pourront travailler moins. Et aujourdhui, elle demande quils soient tous aux 35 heures. Je le répète : 58 % dentre eux y seront en même temps que les autres salariés ; pour les autres, lobjectif est dy arriver par étapes, en fixant des maxima, en créant des incitations et en laissant place à la négociation. Quoi quil en soit, les cadres sont désormais partie prenante de la réforme des 35 heures.
M. François Goulard - La réponse de Mme la ministre ne ma pas convaincu. Elle nous livre certes des sondages tendant à prouver que sa réforme répond aux souhaits des intéressés, mais je pense, pour ma part, que la situation est beaucoup plus diverse : à côté de cadres qui, pris dans le mouvement général, se disent pourquoi pas nous ?, il en est beaucoup dautres qui nont pas envie de réduire leur durée du travail. Bien sûr, quand on leur demande si leur vie professionnelle empiète sur leur vie privée, ils répondent par laffirmative pour peu quils aient des activités un peu prenantes ou des responsabilités. Mais il ny a pas lieu den tirer des conclusions trop générales. Les dispositions que vous prévoyez ne seront pas appliquées, Madame la ministre. Mais elles auront une répercussion négative sur limage de notre pays. Je note en outre que vous ne parlez plus ici de création demploi, alors quelle est censée être la motivation première de la loi. Mais il est bien évident que la réduction du temps de travail des cadres ne sera pas à lorigine de la moindre création demploi. Bref, sous couvert dadaptation aux accords, cet article crée en réalité des rigidités nouvelles et risque de provoquer des situations conflictuelles. Cest pourquoi notre amendement 279 tend à le supprimer.
M. Bernard Accoyer - Vous avez distingué, Madame la ministre, trois catégories de cadres : les cadres dirigeants que vous mettez délibérément à part ; ceux qui vont rentrer dans le droit commun, avec les conséquences désastreuses que lon peut imaginer compte tenu du rôle des cadres dans lorganisation de la production et de la commercialisation ; enfin, ceux soumis au forfait. Pour cette dernière catégorie, vous avez, faute dautre outil de contrainte, décidé de réduire le nombre de jours travaillés. Tout cela va renchérir le coût du travail, quoi quen dise le Gouvernement. Certes, les charges sur les bas salaires vont baisser, mais à partir de 1,6 fois le SMIC, le coût du travail augmentera. Or ce coût est déjà la première cause de chômage en France. En outre vous vous attaquez ici au travail qualifié. Ce renchérissement du coût du travail provoquera des délocalisations à létranger. Nous ne nous résolvons pas à ce renoncement. Madame la ministre aime nous donner des leçons au motif quelle a lexpérience de lentreprise et de lentreprise internationale. Malheureusement, -et je ne parle pas pour elle- les grandes catastrophes quont connues ces entreprises, et que paie le contribuable sont généralement liées à des allers-retours malsains entre les allées du pouvoir et les entreprises. Cet article ne prend pas en compte les problèmes humains des cadres, il est dangereux pour notre tissu économique. Notre amendement 541 le supprime.
M. le Président de la commission La commission a rejeté ces amendements. Cest bien en ce qui concerne les cadres que jai le plus de mal à vous comprendre et que nos analyses me paraissent les plus justes. Les cadres ont un rôle de plus en plus important, ce que ne perçoit pas le MEDEF, et leur évolution révèle un malaise profond. Pendant une période on les a glorifiés. Puis, grâce à la pression que représentait le chômage, les patrons ont fait preuve dune certaine désinvolture en ce qui concerne la place des cadres dans lentreprise, leur temps de travail et leur rémunération. Il sen est suivi une démobilisation de lencadrement que montrent tous les sondages. Avec les 35 heures, les cadres veulent maîtriser leur temps et leur place dans lentreprise. Larticle 5 répond à cette aspiration de façon simple et en favorisant la concertation. Je ne sais par quel aveuglement vous nen voyez pas la nécessité. On sait que lefficacité des cadres nest pas liée au nombre dheures de travail et quil existe des formes dorganisation dépassées. Mais vous passez votre temps à avoir peur des évolutions (Protestations sur les bancs du groupe UDF et du groupe du RPR). Je sais de quoi je parle, jai une longue pratique.
M. Bernard Accoyer Et nous on ne sait rien ! Vous feriez mieux de ne pas faire deux choses en même temps et de présider votre commission !
M. le Président de la commission Cet article est lun des plus importants. Il prend en compte une mutation nécessaire pour tout lencadrement, avec les précautions voulues et dans la concertation.
Mme la Ministre Défavorable aux amendements.
M. Hervé Morin Il existe bien une certaine démotivation chez les cadres. Cest une question de génération. Les jeunes veulent un autre équilibre. Je pourrais aussi citer le cas dun grand cabinet où les cadres dirigeants préfèrent ne pas être reconnus comme tels pour être concernés par les 35 heures. Mais pourquoi cette démotivation ? Il y a eu désinvolture, peut-être. Mais surtout, les cadres sont les plus accablés par les prélèvements et limpôt, les plus maltraités pour les cotisations sociales. Chez eux comme chez les professions libérales, on décourage le travail. Par ailleurs, dans certaines activités de conseil, daudit, de haute technologie où les cadres sont majoritaires dans la main-duvre, passer aux 35 heures signifiera diminuer le temps de travail de 20 %, ce qui entraînera des difficultés considérables. Il ny aura pas de contrôles, dira-t-on. En fait, à partir de 2000, ils seront plus nombreux, puisque lon donne des aides, et effectués par lURSSAF comme par linspection du travail.
M. le Président de la commission Monsieur Accoyer, javais pensé réunir la commission à 14 heures 30, mais jai fait annuler cette réunion hier car nous navions pas suffisamment avancé. Elle aura lieu demain. Cest un cas banal. Soyez assez courtois pour reconnaître que je préside ma commission.
M. Bernard Accoyer - Rappel au Règlement. Il faut exposer les conditions de travail de la commission. Il y avait bien réunion à 14 heures 30, pour auditionner le président de la CNAM. Jy suis allé. Vous étiez dans votre bureau. Le vice-président Evin est arrivé au bout dun quart dheure Il sagissait de travailler sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Nous avions un quart dheure avant de revenir ici travailler sur un autre des textes les plus importants de notre histoire sociale, comme le dit la ministre de tous les textes quelle présente. Monsieur le Président, je vous demande dalerter la Conférence des présidents sur ce télescopage et sur la légèreté avec laquelle on a traité lun des principaux acteurs sociaux.
M. le Président Je prends acte de vos déclarations. Mais nous ne sommes pas ici pour traiter des affaires de la commission.
M. Eric Doligé La ministre et le président de la commission auraient toujours raison et nous toujours tort. Eh bien, non. Nous avons le droit dexprimer une position différente. Nous cherchons à éviter que votre loi, dont une grande partie sera inapplicable, nait des effets pervers. Je citerai un exemple. Lors dun voyage récent que jai effectué avec M. Sueur, nous avons constaté quune entreprise informatique importante dont le nom commence par I et finit par M avait quitté la France pour sinstaller à Dublin, où ses coûts sont inférieurs de 30 % ! Alors, vous pouvez penser que les cadres qui sont partis là-bas travailleront 40 heures et que cest injuste au lieu de 35 heures en France, ce qui vous paraît juste, vous nempêcherez pas que notre territoire national se vide de sa matière grise. Limportant est de trouver un juste milieu mais vous refusez toutes les solutions que nous proposons pour y parvenir.
Les amendements 279 et 541, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
M. François Goulard - Jai bien entendu les déclarations de M. Le Garrec sur le malaise des cadres, mais je ne vois pas en quoi la réduction du temps de travail que vous proposez y portera remède. Les problèmes que vous évoquez sont inhérents à lévolution de la société, de léconomie et des entreprises et cest dans ce cadre-là quils seront résolus. Les entreprises savent ne pas laisser perdurer une situation où les cadres, parce quils se sentent mal, deviennent moins productifs. Les cadres souffrent surtout de voir les plus-values en capital enrichir considérablement les créateurs dentreprise quand eux-mêmes sont privés de gains substantiels par une fiscalité qui ramène leurs revenus à un niveau quils jugent insuffisant. En outre, les cadres supérieurs sont en mesure de négocier leur statut et leur salaire. Pourquoi ne pas leur laisser le soin de négocier aussi leur temps de travail et leurs jours de congé ? Pourquoi imposer une loi inopérante à des individus capables de se défendre eux-mêmes ?
M. le Rapporteur Avis défavorable, mais je voudrais revenir sur la doctrine de lopposition
M. Bernard Accoyer - Toujours lanathème !
M. le Rapporteur Jobserve que vous avez pris à partie le président de la commission et que vos propos sont parfois véhéments. Vous me permettrez donc, à mon tour, de porter un jugement sur vos positions. Je crois y discerner une ligne directrice : la réglementation. Vous refusez que des règles existent qui protègent les salariés. Ainsi voulez-vous définir tous les cadres comme dirigeants, ce qui les priverait de toute protection, hormis celle relative aux congés payés et aux femmes en couches ! Nappliquons aucune règle, ne protégeons personne : telle est votre doctrine. Jen veux pour preuve les amendements par lesquels vous proposez que les cadres dirigeants soient définis dune manière conventionnelle, ce qui les priverait de toute protection en matière de temps de travail. Bref, vous reconnaissez quun problème se pose mais vous récusez toutes les solutions que nous avançons sans rien proposer dautre que la déréglementation. Pour toutes ces raisons, la commission est défavorable à lamendement 678.
L'amendement 678, repoussé par le Gouvernement, mis aux voix, nest pas adopté.
Article L. 212-15-1 du code du travail
M. Bernard Accoyer - Mon amendement 542 tend à supprimer cet article. Le vrai problème des cadres est celui de la confiscation des fruits de leur travail. Alors quils sont la substance même de lentreprise, ils ne sont pas directement intéressés à ses résultats. Et ce nest pas en réduisant uniformément leur temps de travail comme vous le proposez, que vous améliorerez leur statut ou leurs garanties sociales complémentaires.
l'amendement 542, repoussé par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, nest pas adopté.
Mme Marie-Thérèse Boisseau A plusieurs reprises, vous avez semblé vouloir vous inspirer des directives européennes. Cest une excellente démarche qui est à lorigine de lamendement 886. Lexpression cadres dirigeants, trop restrictive, risque de réduire le champ de cet article aux mandataires sociaux. Aussi proposons-nous, nous inspirant de la directive européenne de novembre 1993, de parler des cadres dirigeants et autres personnels disposant dun pouvoir de décision autonome ainsi que des personnels disposant statutairement ou fonctionnellement de lindépendance technique.
M. le Rapporteur Soucieux de définir le plus précisément possible la notion de cadres dirigeants, la commission propose, par son amendement 471 rectifié, dajouter aux critères retenus par le Gouvernement le niveau de rémunération et le pouvoir de décision autonome. Bien entendu -je le précise à lintention de Mme Bachelot- tous ces critères sont cumulatifs.
Mme la Ministre Le Gouvernement est défavorable à lamendement 886 mais favorable au 471 rectifié.
L'amendement 886, mis aux voix, n'est pas adopté.
L'amendement 471 rectifié, mis aux voix, est adopté.
M. le Président En conséquence, les amendements suivants jusquau 58 inclus tombent.
Article L. 212-15-2 du code du travail
M. Bernard Accoyer - L'amendement 346 est défendu.
L'amendement 346, repoussé par la commission et par le Gouvernement,mis aux voix, n'est pas adopté.
M. Eric Doligé Lamendement 56 est défendu, ainsi que le 695.
M. le Rapporteur La commission les a repoussés.
Mme la Ministre Même avis.
Les amendements identiques 56 et 695, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
M. Daniel Paul Lamendement 315 vise à fixer au niveau déjà évoqué précédemment le seuil de rémunération définissant les cadres non touchés par la réduction du temps de travail. Tous les autres doivent en bénéficier. Les cadres en ont assez des journées qui nen finissent plus. Ils ne veulent pas être les oubliés de la réduction du temps de travail. Attention à ne pas diviser cadres et employés !
M. le Rapporteur La commission a rejeté cet amendement.
Mme la Ministre Avis défavorable.
L'amendement 315, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. François Goulard - L'amendement 910 est défendu.
M. Bernard Accoyer Je voudrais insister sur l'amendement 944 qui me paraît très important car il concerne un grand nombre de cadres qui risqueraient, sinon, dêtre exclus de la réduction du temps de travail. Cet amendement vise à prendre en compte les cadres des entreprises nentrant pas dans le champ dapplication dune convention de branche. Il les définit par référence à larticle 4 de la convention du 14 mars 1947 relative à la retraite complémentaire des cadres. Cette dernière convention, qui a été signée par les grandes organisations syndicales, définit les cadres daprès leurs fonctions réelles, leur formation, leur marge dinitiative et de responsabilité. Je rappelle que le secteur bancaire, notamment, est concerné.
M. le Rapporteur La commission a repoussé lamendement.
Mme la Ministre Je pense que cet amendement napporte pas grand chose car la convention de 1947 ne fait que renvoyer aux accords de branche. Mais je suis sensible à votre souci daméliorer le texte.
M. François Goulard En loccurrence il sagit dun amendement purement technique qui nous a été suggéré par des organisations syndicales. Létude à laquelle nous avons procédé montre quil répond à une difficulté réelle et apporterait des garanties qui vont dans le sens des objectifs que vous affichez.
Mme la Ministre Je suis prête à vérifier ce quil en est dici la deuxième lecture. Mais encore une fois, larticle 4 de cette convention renvoie aux accords de branche.
M. Bernard Accoyer Et quand il ny en a pas ?
Mme la Ministre Heureusement il ny a plus que 200 000 ou 300 000 salariés non couverts par une convention collective et ces vides sont en train dêtre comblés. De toute façon, sil ny a pas de convention collective, il sera très difficile dappliquer le texte puisquil suppose un accord. Mais je vais regarder de plus près votre amendement.
M. Bernard Accoyer - Je vous en remercie.
Les amendements 910 et 944, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
M. François Goulard Lamendement 917 répond à une suggestion des organisations professionnelles : il sagit de substituer lexpression cadres pratiquant lhoraire collectif aux mots cadres occupés selon lhoraire collectif.
M. le Rapporteur La commission est restée perplexe, mais a préféré, dans le doute, repousser lamendement.
Mme la Ministre Avis négatif.
L'amendement 917, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. Eric Doligé - Lamendement 727 tend à préciser que sont considérés comme cadres intégrés ceux qui ne disposent daucune autonomie. Par ailleurs, jai pu me procurer le texte du discours de M. Jospin à Strasbourg : il y est annoncé quun projet de loi contre la précarité sera voté avant la fin de la session. Or vous avez parlé de la fin de lannée. Quen est-il ?
M. le Rapporteur La commission a repoussé lamendement car il aboutirait en fait à réduire le nombre des cadres bénéficiant de la réduction du temps de travail.
Mme la Ministre - Jespère trouver dautres raisons de rendre heureux M. Doligé (Sourires), car je ne suis pas daccord avec lamendement 727. En ce qui concerne le texte sur le travail précaire, jai compris des discussions que jai eues avec le Premier ministre quil souhaitait quil soit voté avant la fin de lannée.
L'amendement 727, mis aux voix, n'est pas adopté.
Article L. 212-15-3 du code du travail
M. François Goulard - Nos amendements identiques 57 et 654 prouvent que nous sommes capables de faire des concessions tout en introduisant une certaine souplesse.
M. le Rapporteur Avis négatif.
Mme la Ministre - Cet amendement reviendrait à ne plus appliquer aucune clause de la loi aux cadres. Avis négatif.
M. Hervé Morin - Mme la ministre na pas répondu à une question que jai posée précédemment et que soulèvent beaucoup de juristes : si un cadre dépasse les 217 jours de travail par an, comment sera-t-il rémunéré ?
Mme la Ministre - Que des juristes puissent poser pareille question métonne. Puisque cest dune durée maximale quil sagit, elle ne peut être dépassée ! Seule exception possible : quà la demande du salarié, il y ait report de congés, qui ne seront pas perdus pour autant.
Mme Muguette Jacquaint - Lamendement 316 vise à permettre la conclusion de conventions de forfait pour les cadres en respectant les règles qui fixent la durée maximale du travail. La rédaction actuelle du projet prévoit que sans même que laccord ait à le préciser, la contrepartie du forfait jours est que les minima journaliers et hebdomadaires ne sappliquent plus. Ne resterait donc en vigueur que le repos de 11 heures consécutives par jour, pour 217 jours travaillés. Ainsi, en toute légalité, les cadres pourraient être contraints de travailler 13 heures par jour, 78 heures par semaine et 2821 heures par an. M. Cochet a fait à ce sujet une excellent démonstration que je reprends à mon compte. Nous sommes loin, très loin du total maximal de 1730 heures annuelles prévues pour les non-cadres ! Le décompte en jours est une construction abstraite, un artifice qui permettra de perpétuer la situation en vigueur. Comme la exposé mon collègue Daniel Paul, le non-paiement, aux cadres, de millions dheures supplémentaires est source de bénéfices considérables pour de très nombreuses entreprises, et lexemple quil a donné était éloquent. Le décompte en jours fera persister une durée de travail non seulement excessive mais pour partie non rémunérée, et ce travail gratuit empêche des embauches par milliers. Une telle disposition est, dautre part, contraire à celles que soutient la directive européenne relative à la duré du travail, qui nest pourtant plus un modèle de droit social. Si même des dérogations existent, elles doivent respecter le principe de la sécurité et de la santé des salariés concernés. Pense-t-on vraiment que la sécurité et la santé du technicien de maintenance qui regagne son domicile après une journée de 18 heures sont préservées ? Daniel Paul la déjà dit : des procès ont eu lieu qui ont permis de dévoiler le système de pressions organisé grâce auquel certains employeurs font exécuter dinnombrables heures supplémentaires non rémunérées. Le malaise des cadres, déjà évoqué, tient aussi aux conditions de travail qui leur sont imposées Ils veulent, comme les autres salariés, profiter de la richesse quils ont contribué à créer. Or, si certains dentre eux ont de justes salaires, dautres ne sont pas justement rémunérés.
M. le Rapporteur La commission a repoussé ces amendements. Il faut, pour comprendre la raison de ces rejets, bien vouloir se rappeler larchitecture générale du texte, dune part, la situation actuelle des cadres, dautre part. Quelle est-elle ? Ils sont dans un vide juridique qui les oblige à supporter une charge de travail considérable incluant des heures supplémentaires non payées. Rien de tout cela nest acceptable, et cest pourquoi le Gouvernement a décidé, dans son projet, de distinguer les cadres dirigeants des autres cadres, qui relèvent du droit commun. Cest donc une minorité de ces salariés qui sera soumise au régime du forfait. Le vrai débat devrait donc porter sur lencadrement conventionnel de ces forfaits, qui doit empêcher que ne relèvent de tels dispositifs des salariés qui ne seraient pas des cadres. Cest pourquoi le texte prévoit que ne seront cadres que les salariés définis comme tels dans les conventions collectives. Cest pourquoi, aussi, ce sont les conventions collectives qui définiront quelles catégories de cadres seront soumises aux forfaits. Il est exact quil est compliqué de vérifier le temps de travail effectué par les cadres. Mais, outre que certains deux ne le souhaitent pas, il paraît difficile de les faire suivre tous par un inspecteur du travail. Des amendements présentés par mon collègue Gérard Terrier viseront donc à mieux garantir la situation de cette petite minorité. Le dispositif proposé se caractérise par un bon équilibre entre la loi et la négociation et, en fixant des garanties conventionnelles, rétablit les cadres dans leurs droits.
Mme la Ministre - Même avis, pour les mêmes raisons que celles qua exposées M. le rapporteur.
M. François Goulard - Le théâtre des ombres, dont nous sommes les acteurs, na jamais été aussi éloigné de la réalité.
M. le Rapporteur Parlez pour vous !
M. François Goulard - Que se passera-t-il, dans les faits, le 218ème jour ? Car il y aura un 218ème jour, soyez-en assurés ! La réalité ne cadrera pas avec votre projet, et ces longues heures de discours auront été vaines. Quant à Mme Jacquaint, noublie-t-elle pas que la rémunération des cadres inclut ces heures supplémentaires quelle dit volées et que les intéressés admettent, eux, fort bien ? Sa démonstration est abstraite, car elle omet de préciser que, si les heures supplémentaires étaient toutes décomptées, les salaires convenus seraient bien inférieurs à ceux qui sont versés.
Mme Muguette Jacquaint javais omis, Monsieur le Président, de défendre lamendement 317, qui est de repli.
M. François Goulard Il est indéfendable !
Mme Muguette Jacquaint Pour revenir sur vos propos relatifs au salaire des cadres, je tiens à souligner que non seulement leur montant est légitime au regard des responsabilités assumées mais que certains nont pas le salaire quils méritent. Dautre part, ce sont les cadres eux-mêmes qui souhaitent une réduction de leur temps de travail ! Enfin, que cela vous plaise ou non, il est de fait que des heures supplémentaires non-rémunérées, cest du travail volé.
Les amendements 654, 316 et 317, successivement mis aux voix, ne sont pas adoptés.
M. François Goulard Lamendement 445 tend à ouvrir les dispositions de larticle L.212-15-3 aux cadres, au sens des conventions collectives dentreprise.
L'amendement 445 repoussé par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. François Goulard Nos amendements 909 et 945 ont pour objet douvrir aux cadres, au sens de larticle 4 de la convention collective nationale du 14 mars 1947 sur le régime de retraite complémentaire des cadres, les dispositions de larticle L. 212-15-3. Il sagit de mieux cerner la catégorie de cadre.
Mme Christine Boutin M. Gengenwin propose lamendement 1028. Larticle 5 du projet de loi distingue trois catégories de cadres : les cadres dirigeants, les cadres occupés selon lhoraire collectif applicable au sein de lunité de travail et les autres. Or larticle L. 212-15-3 dispose que cette troisième catégorie au sens des conventions collectives de branche, doit bénéficier dune réduction effective de la durée du travail et précise les modalités de décompte de leur temps de travail. Il serait souhaitable douvrir cette disposition aux cadres au sens des accords collectifs interprofessionnels. Par souci dharmonisation, cette définition devrait être retenue également dans larticle L. 212-15-2.
M. le Rapporteur La commission a émis un avis défavorable sur ces trois amendements.
Mme la Ministre Avis défavorable.
Les amendements 909, 945 et 1028, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
M. le Rapporteur Lamendement 1053 est purement rédactionnel.
Mme la Ministre Avis favorable.
L'amendement 1053, mis aux voix, est adopté.
M. Eric Doligé Lamendement 60 tend à conférer un peu de souplesse pour lapplication des 35 heures aux cadres en transformant lobligation en possibilité. Pour réagir aux propos de Mme Jacquaint, je voudrais ajouter que nous sommes un certain nombre sur ces bancs à être cadres et que lorsquil nous est arrivé de dépasser nos horaires habituels de travail, nous navons jamais eu limpression dêtre volés ou de voler quiconque. La passion pour le travail, qui conduit à dépasser lhoraire sans réclamer, cela existe aussi ! Il faut que la majorité accepte lidée que lon peut avoir envie de travailler plus !
Mme Muguette Jacquaint Sil sagit dun choix librement consenti, la situation est différente !
M. François Goulard Que davancées conceptuelles ! M. Gremetz a renié hier la dictature du prolétariat ; Mme Jacquaint admet aujourdhui que lon puisse travailler au-delà des règles (Sourires).
M. le Rapporteur Tout bref quil est, cet amendement change tout puisquil tend à priver les cadres de la réduction du temps de travail. Or le malaise des cadres est perceptible et il tient pour une large part à la question de la durée du travail, la réglementation afférente ne leur étant pas applicable. Vos amendements successifs confirment votre état desprit. Vos positions tendent à aller plus loin dans la déréglementation, au détriment des garanties des salariés. La commission a donc émis un avis défavorable.
Mme la Ministre Même avis que la commission.
Les amendements 347 et 60, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
M. François Goulard La conclusion de conventions individuelles de forfait risque daboutir, pour les cadres relevant dune même catégorie professionnelle ou exerçant la même fonction et soumis à des rythmes de travail identiques, à des situations différentes en matière dhoraire de travail. Afin déviter une telle disparité, notamment dans les structures importantes, il paraît opportun que lon puisse également définir, pour les salariés visés au présent article, leur durée de travail et sa base de calcul par des statuts issus dune convention ou dun accord de branche dont lextension par le ministère du travail assurera une validation juridique. Notre amendement 918 ne peut avoir que des répercussions favorables sur le texte.
M. le Rapporteur Avis défavorable.
Mme la Ministre Avis défavorable.
L'amendement 918, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. Eric Doligé Je comprends que notre état desprit gêne M. le rapporteur car, pour prendre une image sportive, il préfère les figures imposées aux figures libres. Or nous savons bien que la France est plus à laise dans cette dernière discipline et je pense que cela sapplique aussi à la réalité économique. Notre amendement 61 tend à supprimer la dernière phrase du I de larticle L. 212-15-3 du code du travail afin de permettre un accès direct à la modulation du temps de travail des cadres. Il sagit dintroduire un peu de liberté.
M. le Rapporteur Je constate que le terme déréglementation a touché lopposition qui préfère parler de défense des libertés Mais nous sommes aussi attachés quelle à la liberté et à la négociation et lensemble du projet en témoigne. La commission a émis un avis défavorable à lamendement 61.
Mme la Ministre Avis défavorable également.
L'amendement 61, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. Gérard Terrier Notre amendement 1018 démontre que nous ne souhaitons pas corseter les entreprises mais au contraire donner toute sa dimension à la négociation. Ainsi, cet amendement prévoit que la détermination des catégories de cadres pouvant faire lobjet de conventions individuelles de forfait, ainsi que les caractéristiques principales de ces conventions, font lobjet préalablement à leur conclusion avec le salarié dun accord collectif de branche ou dentreprise ou détablissement. A défaut, les conventions de forfait ne peuvent être établies que sur une base mensuelle. Cette restriction est justifiée pour garantir que les conventions individuelles de forfait ne donnent pas lieu à un dépassement des limites horaires.
M. le Rapporteur La commission est favorable à cette amélioration de lencadrement conventionnel des conventions individuelles de forfait.
Mme la Ministre Jy suis également favorable car cela correspond à lesprit du texte. Mais je propose en outre de ne pas oublier les forfaits établis sur une base hebdomadaire qui sont plus protecteurs pour les salariés en permettant un meilleur contrôle. Je propose donc de compléter lamendement 1018 en précisant que les conventions de forfait peuvent être établies sur une base mensuelle ou hebdomadaire.
M. Gérard Terrier Jaccepte cette modification.
M. le Rapporteur La commission y est également favorable.
L'amendement 1018 ainsi modifié, mis aux voix, est adopté.
M. François Goulard On parle beaucoup de la baisse du moral des cadres mais il y a aussi une baisse du moral de lopposition ! Lorsque nos amendements heurtent vos principes, je conçois que vous les rejetiez, parfois de manière passionnée. Mais quand il sagit, comme avec notre amendement 918, dapporter au texte des améliorations techniques, lorsque nous essayons de nous mettre au service de lintérêt général par des remarques judicieuses, nous acceptons mal que nos propositions soient repoussées d'un revers de main. Sur lamendement 918, nous aurions souhaité une réponse plus argumentée que celle du rapporteur, qui sest contenté de dire quil nen voulait pas ! Lamendement 447 est défendu.
M. le Rapporteur Puisque M. Goulard veut une réponse de fond, je laisse Mme la ministre la lui apporter. Elle le fera mieux que moi. Avis défavorable sur le 447.
Mme la Ministre - Lamendement 918 ne constituait pas une simple modification technique mais tendait à revenir sur une jurisprudence, protectrice pour les cadres, de la Cour de cassation selon laquelle le forfait doit être accepté par le salarié, laccord de celui-ci ne se présumant pas. Cest pourquoi nous avons émis un avis défavorable. Même avis pour le 447.
L'amendement 447, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. François Goulard - Le 348 est défendu.
Mme Marie-Thérèse Boisseau - De même que le 876.
Les amendements 348 et 876, repoussés par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin - Dans le texte initial, aucune limitation haute du forfait annuel en heure nest proposée, pas plus quune définition des populations concernées par les deux formes de forfait. De même, une référence horaire fait défaut pour le forfait jour. Cest pourquoi M. Pélissard propose, dans lamendement 184, une nouvelle rédaction qui permet de définir les salariés visés par lun ou lautre forfait. En effet, le texte que je vous propose risque dinciter les entreprises à privilégier le forfait jour, dans la mesure où celui-ci échappe à toute limitation ou contrôle, la seule garantie apportée par le texte -la conclusion dun accord dentreprise ou détablissement- étant insuffisante. Lamendement vise également à ce que le forfait en jours ait une équivalence annuelle horaire semblable à celle des forfaits en heures de lentreprise, le nombre de jours retenus pouvant alors varier en fonction de lestimation de la durée de travail théorique moyenne effectuée par les salariés concernés par ce forfait. Cet amendement devrait recueillir lassentiment général.
M. le Rapporteur Repoussé.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin - Sans motif ?
Mme la Ministre - Je vais vous en donner un. Cet amendement fait comme sil nexistait pas de plafond. Or nous en avons fixé un qui est de 1730 heures -1600 plus 130 heures supplémentaires. Défavorable, donc.
L'amendement 184, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. Gérard Terrier - Le 473 est un amendement de coordination.
L'amendement 473, accepté par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. Yves Cochet - Comme les autres salariés, les cadres au forfait annuel en heures doivent être protégés par des limites horaires quotidiennes et hebdomadaires. Tel est le sens de notre amendement 954. Je voudrais citer en exemple un accord signé en juin dernier par quatre organisations syndicales dont la CFDT et la CGT et qui concerne la filiale Thomson Multimédia cette entreprise qui, vous vous en souvenez, valait hier à peine un franc ! Il sagit, Monsieur Goulard, dune entreprise très concurrentielle au niveau international et qui fabrique de belles images numériques : le patron comme les cadres y ont choisi dêtre au forfait horaire, mais dans les limites prévues par le code du travail. Cet accord marche très bien.
M. le Rapporteur La commission a repoussé cet amendement mais a adopté un peu plus loin un amendement 474 qui précise les conditions dans lesquelles on contrôle le respect des maxima, problème que Mme Bachelot a raison de soulever.
Mme la Ministre - Lamendement de la commission précise en effet comment contrôler les maxima prévus par convention ou accord collectif.
L'amendement 954, mis aux voix, nest pas adopté.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin Je voudrais pour ma part citer une lettre des cadres CFE-CGC de Nestlé. Le projet, disent-ils, engendre une grande hostilité chez les cadres qui craignent dêtre une fois de plus les dindons de la farce. Accepter la loi en létat, concluent-ils, ce serait officialiser lidée selon laquelle les cadres sont corvéables à merci. Nous avons entendu sexprimer les mêmes craintes, de la part dautres fédérations, lors des auditions de la commission. Cest pourquoi lamendement 763 corrigé de M. Delnatte tente au moins de réintroduire la limite de 48 heures par semaine.
M. le Rapporteur Je lai dit, un amendement ultérieur précisera les choses. Cela étant, en cas de forfait horaire sur lannée, le plafond est de 1 730 heures, ce qui est plus protecteur quaujourdhui. Les maxima sappliqueront, sauf dérogation conventionnelle. La question est, Madame la ministre : quelles limites mettre à ces dérogations ?
Mme la Ministre - Les cadres veulent la réduction du temps de travail, je men réjouis. Ils manifestent pour cela ? Soit. Je voudrais simplement souligner quils seraient beaucoup plus nombreux dans la rue si nous avions adopté les amendements de lopposition visant à les exclure du champ de la loi sur les 35 heures !
Mme Roselyne Bachelot-Narquin - Nous savons bien que tous les cadres ne travaillent pas plus de 48 heures par semaine, mais la loi est faite aussi pour protéger à la marge, pour empêcher les excès. Je ne comprends pas que vous refusiez un amendement qui devrait tous nous réunir.
L'amendement 763 corrigé, mis aux voix, nest pas adopté.
M. Gérard Terrier - Lopposition a vraiment des arguments à géométrie variable ! Tantôt elle nous dit : Laissez les cadres travailler autant quils veulent, cest lessence même des cadres, tantôt elle réclame une limitation horaire. Je ne vous comprends plus, vous êtes difficiles à suivre !
M. Eric Doligé Quelle mauvaise foi !
M. Gérard Terrier - Non, voyez le compte rendu des débats ! Lamendement 474 donne plus de force à la négociation, ce qui est un choix constant du texte. Si le problème du forfait horaire et du forfait hebdomadaire est réglé, reste celui du forfait annuel. La loi nen parlant pas, il pourrait y avoir des dérives. Afin de les contenir, cet amendement instaure un contrôle de lapplication des horaires.
M. le Rapporteur La commission a adopté cet amendement.
Mme la Ministre - Favorable.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin - On oppose -stupidement- négociation et droit du travail. Vous abaissez autoritairement la durée du travail à 35 heures, en interdisant de faire des heures supplémentaires dans des conditions normales, mais le forfait annuel en jours permet toutes les dérives. Nous voulons que le droit du travail protège des vrais abus, et faire travailler plus de 48 heures en est un. Mais entre 35 et 48 heures, il y a place pour une vraie négociation.
L'amendement 474, mis aux voix, est adopté.
M. François Goulard - Lamendement 349 supprime le III de larticle, qui est peu compréhensible.
L'amendement 349, repoussé par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, nest pas adopté.
M. François Goulard - Lamendement 448 est défendu.
L'amendement 448, repoussé par la commission et par le Gouvernement, nest pas adopté.
M. Eric Doligé - Les amendements identiques 62 et 618 sont défendus.
M. François Goulard - Lamendement 929 rétablit une disposition qui figurait dans lavant-projet et a été supprimée.
M. le Rapporteur Rejet.
Mme la Ministre Défavorable.
Les amendements identiques 62 et 618, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
L'amendement 929, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. Eric Doligé Les amendements 725, 63 et 619 suppriment la deuxième phrase du III de cet article. Les conventions ou accords prévoyant la conclusion du forfait en jours doivent pouvoir déterminer le nombre de jours travaillés, sans limite maximale légale. Les cadres qui travaillent plus de 35 heures ne sont pas forcément malheureux. Regardez vos collaborateurs. Ils sourient.
Mme la Ministre Pas du tout !
M. Eric Doligé On peut travailler beaucoup avec passion. Votre texte rigide ne correspond pas à la réalité.
M. le Rapporteur La commission a repoussé cet amendement. Dabord, il fallait rétablir le maximum, maintenant le supprimer. Jai du mal à comprendre la démarche de lopposition.
M. Eric Doligé Cest un amendement de repli.
Mme la Ministre Un repli contradictoire.
M. Gérard Terrier Lopposition est prise en flagrant délit de contradiction.
Les amendements identiques 63, 619 et 725, mis aux voix, ne sont pas adoptés.
M. Gérard Terrier Lamendement 475 précise que les 217 jours par an sont un plafond.
L'amendement 475, accepté par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. Yves Cochet Notre amendement 955 fait passer le plafond annuel de 217 à 207 jours. Bien entendu si lon retient 233 jours, on peut aussi diminuer de 10 % et passer à 210 jours. Les syndicalistes de la CGC veulent cette diminution.
M. le Rapporteur La commission a repoussé cet amendement. 217 jours est un plafond satisfaisant. La négociation peut aller au-delà.
Mme la Ministre Même avis.
L'amendement 955, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. le Rapporteur Lamendement 476 complète la protection dans le cadre du forfait journalier. Il rédige ainsi la quatrième phrase du premier alinéa du III de cet article : Il détermine les conditions de contrôle de son application et prévoit des modalités de suivi de lorganisation du travail des salariés concernés, de lamplitude de leurs journées dactivité et de la charge de travail qui en résulte.
Mme la Ministre Favorable.
M. François Goulard Cette disposition est parfaitement inapplicable. Comment contrôler le temps de travail du cadre qui rentre chez lui avec son ordinateur ? Cest absurde.
Mme la Ministre Monsieur Goulard, je ne peux vous laisser dire que la position de Mme Bachelot, qui proposait une durée maximale contrôlée, est absurde (Sourires).
Lamendement 476, mis aux voix, est adopté.
M. Yves Cochet Lamendement 956 vise de nouveau à protéger les cadres travaillant au forfait annuel en jours.
M. le Rapporteur Défavorable. Par lamendement suivant, la commission a rétabli un certain nombre de dispositions souhaitées par M. Cochet.
Mme la Ministre Défavorable.
L'amendement 956, mis aux voix, n'est pas adopté.
Mme Roselyne Bachelot-Narquin Les cadres de la fédération métallurgie redoutent quen autorisant un décompte en jours sans autre précision, ce texte nouvre la porte aux mêmes abus que ceux actuellement constatés. Cest pour éviter cela que M. Delalande propose, par lamendement 942, de ne pas exclure les cadres de la durée maximale quotidienne du travail. Bien entendu, ce maximum ninterdit nullement la négociation et le dialogue social.
M. le Rapporteur Effectuer un contrôle horaire dans un système qui repose sur un décompte en jours semble difficile. Lopposition semploie à rendre le dispositif plus complexe. Avis défavorable.
Mme la Ministre Même avis.
L'amendement 942, mis au voix, nest pas adopté.
M. le Rapporteur Lamendement 477 a pour objet de préciser les dispositions sur le repos applicables aux cadres soumis à un forfait en nombre de jours : onze heures consécutives de repos journalier, pas plus de six jours de travail par semaine, repos hebdomadaire le dimanche.
L'amendement 477, accepté par le Gouvernement, mis aux voix, est adopté.
M. le Rapporteur Pour ne pas pénaliser les cadres soumis au forfait jours, la règle du repos quotidien de onze heures consécutives leur est appliquée. Lamendement 478 dit que la concertation ou laccord doit déterminer les modalités concrètes dapplication de ces dispositions.
Mme la Ministre Avis favorable.
M. François Goulard Contre lamendement. Il me paraît aller de soi que la convention définit les modalités dapplication, lesquelles, de surcroît, ne sauraient être abstraites !
L'amendement 478, mis aux voix, est adopté.
Article L. 212-15-4 du code du travail
Mme Roselyne Bachelot-Narquin Lamendement 173 de M. Pélissard tend à réparer un oubli en ajoutant ou en jours après en heures au début de larticle, de sorte que la garantie de rémunération sapplique à chaque type de forfait.
L'amendement 173, repoussé par la commission et par le Gouvernement, mis aux voix, n'est pas adopté.
M. le Président Sur larticle 5, je suis saisi par le groupe communiste dune demande de scrutin public.
A la majorité de 28 voix contre 14, sur 42 votants et 42 suffrages exprimés, larticle 5 ainsi modifié est adopté.
M. le Président A la demande de la commission, nous allons maintenant interrompre nos travaux. La suite du débat est renvoyée à la prochaine séance.
(...)
La séance est levée à 19 heures 10. Le Directeur du service des comptes rendus analytiques,
Jacques BOUFFIER
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